Soutenir la dynamique du textile
Lorsque j’ai pris la présidence de l’Union des Industries Textiles en juin dernier, une belle dynamique de reconquête industrielle insufflait son énergie sur le territoire, perceptible dès 2015 et boostée par la période COVID avec la production de masques. Les entreprises en effervescence portaient des projets de réindustrialisation, des projets innovants contribuant à accroître la souveraineté de la France et à réduire l’empreinte carbone du pays, investissaient pour être plus compétitives. Un mois plus tard, la crise énergétique devenait le centre d’attention de toutes nos entreprises et celui de toutes nos inquiétudes.
Depuis le mois de juillet, l’UIT a fait tout ce qui est en son pouvoir pour que la situation des entreprises textiles soit connue du gouvernement et qu’elles bénéficient de son soutien. Avec l’appui de nos syndicats régionaux et sectoriels, nous avons pu recenser les problématiques de nos entreprises, particulièrement des ennoblisseurs fortement dépendants du gaz, pour lesquels, entre autres, nous demandons qu’ils entrent dans la catégorie des entreprises énergo-intensives, au même titre que les tricoteurs et les tisseurs. Nous avons sollicité des témoignages, pour décrire au gouvernement, la détresse actuelle et les risques qui se profilent en 2023 : des explosions de coût impossibles à maîtriser, qui créent une distorsion de concurrence grave avec certains de nos voisins européens. Ces coûts rendent au mieux complexe tout investissement ou induisent des risques de délocalisations dans des pays plus épargnés. Au pire, nous devrons faire face à des défaillances. A plusieurs reprises, j’ai rencontré les membres du gouvernement et certains de mes administrateurs ont échangé avec la Commission Européenne. Nous avons proposé des solutions et revendiqué des actions concrètes et immédiates pour retrouver un climat économique serein.
Jeudi 28 octobre, le gouvernement a annoncé des mesures qui traitent avant tout de l’électricité, protégeant les TPE/PME, mais trop incertaines quand on les applique aux plus concernés, voire inexistantes pour le gaz.
L’énergie est un enjeu de compétitivité et de développement durable de long terme. Réduire encore plus notre consommation nécessite des investissements lourds à l’heure où la capacité de financement des entreprises est mise à mal. Sans attendre des annonces, nous avons mis en place une task force avec nos partenaires innovation afin d’accompagner les entreprises textiles françaises et de trouver des solutions concrètes pour réduire la consommation énergétique pour les années à venir. La « Révolution pour la transition énergétique des Industries Textiles » passera par des projets collectifs autour desquels la mobilisation de chacun est indispensable.
En parallèle, le Projet de Loi de Finances 2023 a mobilisé notre attention : le crédit impôt collection (CIC), pourtant indispensable à nos entreprises industrielles qui le plébiscitent a été de nouveau remis en cause. Nous avons œuvré partout au national comme en région pour qu’il soit prolongé jusqu’en 2025 avec un certain succès. L’amendement déposé a été retenu dans le texte du 49-3 et nous suivrons son évolution jusqu’au vote final. Il prévoit le prolongement du CIC jusqu’à fin 2024.
Les mois qui viennent seront animés, compliqués. Nous sommes, à l’UIT et dans vos syndicats régionaux ou sectoriels, à votre disposition et à votre écoute, pour continuer à faire entendre la voix de l’industrie textile française.
Olivier Ducatillion
Président de l'Union des Industries Textiles